Le succès de l’eau non génératrice de revenus repose sur la résilience opérationnelle
En bref
Les phénomènes météorologiques extrêmes, les pénuries alimentaires et tous les symptômes des changements climatiques ont exacerbé les situations les plus critiques dans le monde. Bien que la crise climatique ait des répercussions différentes d’un pays à l’autre, aucun n’est épargné par ses effets.
Pour aggraver les choses, la combinaison des événements météorologiques violents et du vieillissement des infrastructures hydrauliques se traduit par des défaillances accrues des systèmes, exposant les communautés à des risques environnementaux et à des interruptions de service. Certaines zones géographiques doivent être préparées à affronter des conditions plus intenses et s’assurer que leurs infrastructures répondent à la demande, en particulier dans les régions aux prises avec la sécheresse, où les sols sont arides et les précipitations courtes, mais intenses.
Lorsque le vieillissement des infrastructures et les changements climatiques font en sorte que l’eau ne génère plus de revenus, les coûts supportés par les services de distribution d’eau sont énormes, et la qualité de l’eau elle-même risque de se détériorer. La question de l’eau non génératrice de revenus a été l’un des thèmes abordés lors de la Conférence des Parties de cette année (COP27). Il est aberrant de constater la quantité d’eau simplement perdue dans les réseaux d’eau, même dans les pays développés. Aux États-Unis, on estime qu’environ 17 % des services publics perdent de l’eau à cause de fuites chaque année. Selon la COP27, le volume d’eau non génératrice de revenus à l’échelle mondiale est estimé à 346 millions de mètres cubes par jour, ce qui représente 30 % du volume d’eau qui entre dans les réseaux d’approvisionnement à travers le monde. L’eau non génératrice de revenus influence non seulement le rendement économique des entreprises d’approvisionnement en eau, mais elle accentue aussi la pression sur les ressources naturelles en eau, car la quantité d’eau produite et traitée est supérieure à celle qui est nécessaire.
GHD a récemment publié Aquanomics, un modèle économique qui évalue les répercussions futures des risques liés à l’eau représentés par les tempêtes, les inondations et les sécheresses dans dix régions du monde. Les résultats sont saisissants : une perte de PIB estimée à 5,6 T$ US d’ici 2050 en raison des risques liés à l’eau. Si les tempêtes et les inondations ont les incidences les plus graves, la sécheresse est le troisième facteur en importance. Les effets sociaux des catastrophes liées à l’eau sont peut-être encore plus préoccupants. En 2021 seulement, 100 millions de personnes ont été affectées par des tempêtes, des inondations et des sécheresses dans le monde. Les personnes touchées et l’ampleur des dégâts varient en fonction d’une combinaison de facteurs, dont l’état des infrastructures et les systèmes de prévention locaux.
La résilience opérationnelle : une nécessité
La résilience opérationnelle est la capacité d’un service public d’eau à anticiper le changement et à y réagir, non seulement pour survivre, mais aussi pour évoluer. Elle est particulièrement importante de nos jours, alors que le contexte commercial de l’industrie de l’eau devient de plus en plus dynamique et imprévisible. C’est le résultat de plusieurs forces durables qui perturbent les systèmes d’affaires : de l’évolution technologique accélérée à une plus grande interconnexion de l’économie mondiale, en passant par des enjeux plus vastes, comme l’augmentation des inégalités et les changements climatiques.
De plus, la résilience opérationnelle sert de complément aux efforts en environnement, société et gouvernance (ESG), qui comprennent un engagement à décarboniser les services publics et à explorer des moyens d’alimenter les opérations au moyen de sources d’énergie propre. Cet engagement est essentiel pour lutter contre les changements climatiques, et il est crucial que les services publics poursuivent sur cette voie, dans une optique d’équité et de justice environnementale. Pendant des générations, les communautés à faibles revenus et les communautés de couleur ont ressenti de façon disproportionnée les effets néfastes de la pollution toxique et des changements climatiques. Aujourd’hui, les entreprises de services publics tentent de renverser la tendance en veillant à ce que les investissements dans les infrastructures ne laissent pas de côté les communautés défavorisées et historiquement marginalisées.
Lorsqu’une entreprise de services publics dispose d’un plan et d’un cadre de résilience opérationnelle efficaces, combinés à des efforts en ESG et en justice environnementale, cela signifie qu’elle a mis en place les processus nécessaires pour déterminer les risques physiques, économiques, cybernétiques et autres. En prévoyant des mesures de contrôle pour réduire ces risques, et des mesures pour les éliminer lorsque les contrôles ont échoué, les organisations disposent de la flexibilité et des processus nécessaires pour s’adapter à tout changement de conditions. Ainsi, elles pourront maintenir le cours normal de leurs affaires et ne subiront que des répercussions minimes, voire aucune.
Les entreprises de services publics qui souhaitent renforcer leur résilience doivent d’abord dresser un portrait complet de la chaîne d’approvisionnement, des systèmes et des réseaux. Ce portrait permet une planification et une gestion solides de bout en bout, ainsi que l’évaluation rapide des conséquences des perturbations potentielles. Lorsque les municipalités comprennent l’état de leurs systèmes, elles peuvent optimiser leurs actifs en prévoyant, en prévenant ou en atténuant les problèmes. Par exemple, GHD Services numériques utilise l’apprentissage automatique pour détecter les tendances cachées dans les données et prédire avec précision la probabilité de défaillance d’une conduite dans un réseau de distribution. Il en résulte une plus grande précision et de meilleures décisions d’entretien, ce qui permet de réduire les pertes d’eau dans le réseau et d’éviter les bris catastrophiques.
La résilience opérationnelle exige que les services publics s’adaptent en ces temps difficiles. L’introduction d’outils numériques permet non seulement aux exploitants de visualiser l’ensemble de leurs réseaux physiques, mais aussi de prendre des décisions en temps réel plus rapidement.
Des solutions numériques essentielles à la résilience opérationnelle
Membrane Analytics de GHD Services numériques est une solution axée sur les données pour le traitement de l’eau par membrane. Le traitement est une opération complexe, et sans outils numériques, son entretien dépend fortement de la continuité des connaissances. Cela devient de plus en plus difficile à gérer dans l’économie actuelle, car lorsque les exploitants qualifiés et expérimentés partent à la retraite, il n’y a pas assez de personnel qualifié pour les remplacer. Souvent, la durée de vie de la membrane peut diminuer de jusqu’à 40 % à cause de méthodes ou de programmes de nettoyage inappropriés. Membrane Analytics est utile pour les exploitants expérimentés et inexpérimentés, car elle les aide à prendre des décisions opérationnelles cruciales en leur fournissant des données cohérentes, en temps quasi réel, pour éclairer leurs décisions d’entretien.
L’AA, par le biais d’outils numériques innovants comme ceux-ci, peut considérablement améliorer l’efficacité opérationnelle et réduire les coûts globaux, non seulement en recueillant des données sur l’ensemble du système, mais aussi en donnant un sens à ces données afin d’améliorer la prise de décision.
Aujourd’hui, les réseaux d’eau sont confrontés à d’immenses défis. Les outils numériques offrent aux services publics la possibilité de prédire les problèmes de système plus précisément et plus rapidement, tout en établissant une nouvelle norme en matière d’évaluation des risques, de planification et d’intervention. Grâce à la prise de décision fondée sur les données, il est possible de rationaliser les opérations, et ainsi, de réduire les coûts et les temps d’arrêt, ce qui permet aux municipalités de mieux servir leurs citoyens.
Ces solutions numériques offriront une visibilité de bout en bout, permettant aux entreprises de services publics de mieux comprendre leurs opérations, en répondant aux questions suivantes : « que se passe-t-il? », « que va-t-il se passer? », et « si quelque chose se produit, que faudra‑t‑il faire? » à différents niveaux. Les indicateurs clés de rendement (ICR) et d’autres mesures opérationnelles aideront à définir les points de vulnérabilité potentiels. Ces mesures permettront également de quantifier la probabilité d’une exposition potentielle et le temps nécessaire pour l’atténuer. Les organisations devraient aussi élaborer des scénarios afin d’évaluer les conséquences de différents types de perturbations. Cette pratique est essentielle, surtout si l’on veut assurer le succès des programmes de gestion de l’eau non génératrice de revenus.
En cas de pénurie d’eau, l’eau non génératrice de revenus devient plus qu’une perte financière pour le réseau. Une utilisation judicieuse de l’eau doit commencer par la conservation d’autant d’eau que possible dans le réseau. Les budgets plus serrés signifient également que nous ne pouvons plus accepter et absorber les coûts de l’eau non génératrice de revenus. Au contraire, nos réseaux doivent être plus intelligents et plus efficaces, pour nous permettre d’anticiper les problèmes et de mettre en place des solutions afin de réduire au minimum les interruptions de service et les coûts. Plus important encore, nous devons avoir un plan pour prévenir les problèmes dans le futur grâce à la résilience opérationnelle.